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Libération
Récit

Quand Bangkok marche au pas, la province rouge tremble

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Alors que les cadres de l’armée se pavanent dans la capitale thaïlandaise, les campagnes s’inquiètent de la répression et des disparitions d’opposants.
publié le 18 juin 2010 à 0h00

Officiellement, le calme et l'ordre sont rétablis. La Thaïlande a presque retrouvé son sourire. Les décombres du cinéma Siam (qui a brûlé pendant les affrontements) sont visités religieusement par les cinéphiles de Bangkok. D'autres posent devant le Central World, l'immense mall incendié le 19 mai par les «chemises rouges», les manifestants antigouvernementaux. Ils tiennent à être immortalisés devant le symbole détruit du consumérisme débridé des Hi So, la jeunesse aisée de Bangkok.

L’homme du moment est le colonel Sansern Kaewkamnerd, un beau gosse bombardé porte-parole du Cres, l’organe militaro-civil qui dirige la Thaïlande placée en état d’urgence. Dans les centres commerciaux de la capitale qui ont survécu à la vague rouge, les minettes de la bourgeoisie bangkokoise se font prendre en photo en gloussant d’admiration au côté de cet officier au visage poupon, devenu le porte-voix du régime du Premier ministre, Abhisit Vejjajiva, et de Suthep Thaugsuban, le vice-Premier ministre en charge de la sécurité. Le colonel Sansern, qui affiche en permanence un sourire béat - sauf quand il lit, sérieux comme un pape, les communiqués du Cres - a vu exploser son fan-club sur Facebook. Les Bangkokoises apprennent avec ravissement qu’il taquine la guitare et a entamé une carrière de crooner pendant son adolescence. Des magazines le montrent en famille, en maillot de bain, dans une piscine.

Débris. Mais cette Thaïlande du sourire retrouvé cache une campagne de ré