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Libération
TRIBUNE

Si BHL était allé à Gaza…

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publié le 23 juin 2010 à 0h00

Au Darfour, en Bosnie, en Afghanistan, en Géorgie et ailleurs, Bernard-Henri Lévy estime qu’il est de son devoir de se rendre sur place pour constater, rendre compte et dénoncer les situations qu’il juge révoltantes. Curieusement, à Gaza, non (lire la tribune de Bernard-Henri Lévy «Pourquoi je défends Israël», Libération du 7 juin) . Pourtant, il lui était tout à fait loisible ces derniers mois de le faire, contrairement aux journalistes et intellectuels israéliens, interdits par leurs propres autorités d’entrer dans l’enclave palestinienne depuis 2006. Des dizaines de journalistes étrangers le font régulièrement et y travaillent aussi librement qu’en Egypte et en Jordanie pour prendre des exemples de régimes dits «modérés».

Qu'aurait-il constaté, BHL, s'il s'était rendu Gaza ? Que le blocus n'est pas «total» comme il le dit justement, mais qu'il est cruel et absurde tout à la fois. BHL cite le chiffre de 100 à 120 camions qui entrent chaque jour. A-t-il fait un rapide calcul ? Cent camions pour les besoins d'un million et demi d'habitants , cela fait un camion pour 15 000 habitants. Du moins jusqu'à l'allégement du blocus de la semaine dernière. Il aurait pu citer d'autres chiffres : 100 produits autorisés, contre 4 000 avant 2007. Pendant trois ans, les interdits ont frappé la confiture et les pâtes alimentaires (qui entrent sans doute dans la composition des armes de destruction massive), les cahiers d'écoliers et les stylos-bille (connus pour