Troy Davis n’avait pas remis les pieds dans une salle de tribunal depuis sa condamnation à mort. Il avait 21 ans à l’époque, il en a 40 aujourd’hui. C’est une décision inhabituelle de la Cour suprême des Etats-Unis qui ramène ce Noir américain devant le juge. L’été dernier, alors que le prisonnier avait déjà échappé, par trois fois, in extremis à son exécution, la plus haute juridiction américaine l’a autorisé à présenter de nouveaux éléments prouvant son innocence. C’est la première fois depuis le rétablissement de la peine de mort en 1976 qu’un condamné obtient d’être à nouveau entendu sur le fond. Les appels contre la peine capitale sont généralement basés sur des questions techniques ou constitutionnelles.
Les faits que l’on reproche à Troy Davis remontent à 1989. Un policier blanc de 27 ans est abattu de deux balles alors qu’il vient de voler au secours d’un sans-abri, agressé par un homme armé. La scène se déroule la nuit sur le parking d’un fast-food à Savannah. Troy Davis est arrêté sur les lieux. Lors du procès, neuf témoins le dénonceront. Mais sept se sont depuis rétractés, expliquant avoir subi des pressions policières.
«Frère noir». Depuis l'ouverture des audiences, mercredi, une centaine de militants anti-peine de mort s'est retrouvée devant la cour fédérale de Savannah, en Géorgie. Dans une église de cette petite ville du vieux Sud américain, où le racisme est encore bien ancré, des condamnés à mort innocentés et des responsables d'associations