Trois ans après, Nicolas Sarkozy va devoir rendre des comptes. Invité du G8 (lire aussi en pages 2-3), le président colombien Alvaro Uribe entend demander samedi à son homologue français de l'aide pour retrouver Rodrigo Granda. Ce guérillero des Farc (marxistes), dont Sarkozy avait demandé la libération, en 2007, afin d'obtenir celle d'Ingrid Betancourt, n'est plus sorti, depuis, du maquis. «J'ai libéré ce bandit pour vous, s'est agacé Uribe. Aidez-moi à le recapturer.»
Au moment des faits, Betancourt était devenue un enjeu de politique intérieure française. Son portrait géant ondulait au fronton de la mairie de Paris, et l’ex-Premier ministre Dominique de Villepin avait vainement dépêché un avion dans l’Amazonie brésilienne pour la récupérer sur la foi d’un indic controversé. «L’hyperprésident», tout juste élu, allait remédier à tout cela. Une mention à Betancourt dès le soir de son élection, suivie d’un message au chef historique des Farc, Manuel Marulanda, retransmis sur les journaux télévisés colombiens, servirent de première salve. Mais ces rebelles étaient bien têtus, ou ne comprenaient pas l’honneur qui leur était fait. Pour relâcher leur soixantaine d’otages, ils continuaient d’exiger la libération de leurs combattants emprisonnés. Sarkozy allait leur offrir l’un des plus prestigieux : Granda, vu comme leur «ministre des Affaires étrangères», accusé d’avoir conseillé un embryon de guérilla paraguayenne dans un rapt qui a tourné au meurtre.
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