Ils ne laisseront jamais personne dire que 20 ans est le plus bel âge de la vie. Lina, Ahmed et Ibrahim ne se connaissent pas et il y a peu de chances qu’ils se rencontrent un jour, mais ils partagent la même cage, se heurtent aux mêmes barreaux. Trois cent soixante kilomètres carrés, un million et demi d’habitants : ils vivent dans la bande de Gaza, un bel endroit pour gâcher sa jeunesse, la brûler, la perdre ou la rêver. Vivre tout simplement serait trop demander. Lina, Ahmed et Ibrahim ont entre 20 à 25 ans. La première est étudiante et fille de la bourgeoisie, le deuxième est déjà père, le troisième fait du rap et du basket. Tous rêvent d’ailleurs, sur Internet ou dans les paradis artificiels. Ils sont des «évadés».
INTÉRIEUR NUIT Pièce nue, éclairée au néon. Longtemps, Ibrahim a rappé le soir dans sa chambre. Seul. Il écrit les paroles, se chauffe la voix, répète pendant des heures et quand il se sent prêt, il s'enregistre sur un MP3. Puis commence le travail de mise en musique. Ibrahim farfouille sur Internet, à la recherche de samples qui collent bien avec les paroles. La journée d'enregistrement en studio coûte 300 dollars, même pas en rêve. Les chansons d'Ibrahim sont assez douces, avec des chœurs un peu sucrés, à l'égyptienne, et portent des titres évocateurs: Ahsas Gharib («sensations bizarres»), Wahid («solitaire»)…
Dans cette pièce, il n’y a rien d’autre que ce qui sert à alimenter les deux passions d’Ibrahim : le rap et le baske