Il ne fait pas bon être Tibétain en Chine. Karma Samdrup, un homme d'affaires tibétain, collectionneur d'art et défenseur de l'environnement, a été torturé en détention et condamné jeudi à 15 ans de prison, ostensiblement pour avoir acheté un objet d'art pillé dans une tombe.
«Un prétexte. Ils ont ressorti une vieille affaire classée en 1998 pour le condamner», explique Nicholas Bequelin de l'ONG Human rights watch.
Samdrup est l'une des personnalités tibétaines les plus en vue de Chine. Il fut nommé «philanthrope de l'année» par la chaîne officielle CCTV en 2006. «Samdrup fait partie de ces Tibétains modèles qui parlent chinois, ne se mêlent pas de politique, et que le pouvoir laissait tranquille jusqu'alors». Mais le climat répressif est tel au Tibet, que même cette élite pro-chinoise «est devenue vulnérable».
Deux frères de Samdrup, également des défenseurs de l'environnement, ont été arrêtés en 2009 pour «séparatisme» et «organisation illégale» après qu'ils eurent dénoncé un officiel qui organisait des chasses dans une réserve naturelle du Tibet. C'est parce qu'il a tenté de prendre leur défense, après avoir constaté qu'ils avaient été torturés en détention, que Samdrup, 42 ans, s'est lui-même retrouvé victime d'un «procès grand-guignol», selon Bequelin.
Samdrup n'a pas non plus échappé à la torture. Tout le monde s'est tu dans la salle d'audience du tribunal de Yanqi, mercredi dernier, lorsque celui-ci a énoncé à voix ha