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Libération

Alexandrie se rebelle contre la torture policière

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Égypte . Le leader de l’opposition, Mohamed el-Baradei, a défilé après la mort suspecte d’un jeune de 28 ans.
publié le 28 juin 2010 à 0h00

C’est un signe révélateur. Jamais le très prudent Mohamed el-Baradei n’avait osé participer à une protestation populaire. Sortant de sa réserve, le prix Nobel de la paix, ex-patron de l’Agence internationale à l’énergie atomique devenu en quelques mois leader de l’opposition égyptienne, a pourtant pris la tête, vendredi, d’une importante manifestation à Alexandrie, relayée simultanément à travers le pays.

Dénonçant les brutalités policières du régime de Hosni Moubarak, des milliers de personnes ont défilé, brandissant une photo, qui s’affiche depuis déjà quinze jours sur tous les blogs, pages Facebook et journaux d’opposition. Ou plutôt des photos. Celle du visage aux airs adolescents de Khaled Saïd, un Alexandrin de 28 ans. Puis celle, insoutenable, de son cadavre à la morgue. Visage défoncé, démantibulé, fendu en deux.

Le 6 juin, Khaled sort d’un cybercafé de son quartier de Sidi Gaber. Deux policiers en civil l’interceptent et le traînent par les cheveux dans le hall de l’immeuble voisin. Il n’en ressortira pas vivant. Plusieurs témoignages d’habitants du quartier, rassemblés par Human Rights Watch (HRW), racontent les coups, la tête frappée sur le sol. Alerté, le parquet d’Alexandrie ordonne une autopsie, qui conclut à la mort par asphyxie, après ingestion d’un sachet de drogue. La police affirme que le jeune homme était un délinquant recherché pour n’avoir pas fait son service militaire et pour possession d’armes. Des faits niés par la famille, qui n’a pas été autorisée à