Du jamais-vu en Europe centrale et orientale. Le très prestigieux Musée national de Varsovie a créé l'événement en inaugurant, mi-juin, une exposition d'art gay et lesbien. Contrairement aux craintes qui s'étaient manifestées, l'inauguration s'est faite sans incidents. Skinheads et bigots sont restés chez eux, campagne présidentielle oblige. Tout en faisant la part belle aux classiques grecs, ainsi qu'aux nus des XIXe et XXe siècles, l'exposition présente des œuvres souvent méconnues d'artistes contemporains de l'ancienne Europe de l'Est. Une bonne partie d'entre elles n'avaient jamais été montrées dans les pays d'origine de ces artistes.
«C'est un pas de géant dans un pays ultracatholique et conservateur comme la Pologne», a déclaré Jack Lohman, le président du conseil de surveillance du musée, devant un parterre choisi réuni pour le vernissage. De nombreux couples homosexuels faisaient partie du public. Les milieux gays polonais considèrent l'exposition, intitulée «Ars Homo Erotica», comme une manifestation qui permettra de combattre l'homophobie. «Nous sommes conscients que l'exposition fera scandale, mais nous pensons pouvoir faire avancer la démocratie [en Europe de l'Est, ndlr]», explique Piotr Piotrowski, le directeur du musée.
Son projet a suscité de nombreuses controverses. Un député du parti des Kaczynski (Lech, président décédé, et son frère Jaroslaw, candidat à la présidentielle), Droit et justice, Stanislaw Pieta, avait dema