La crise souffle un vent de panique sur toutes les terres de l’Union européenne, et au-delà. Responsables de droite et de gauche invitent leur électorat à se serrer la ceinture, le consensus est si fort que, même dans l’opposition, ils échouent à dessiner des alternatives crédibles. A l’ordinaire, ce sont les foules qui trop facilement s’affolent et les gouvernants qui se veulent rassurants. Aujourd’hui - Ô paradoxe ! - c’est l’inverse. Les pouvoirs annoncent le bord du gouffre au brave Européen qui se rétracte en défendant ses intérêts immédiats. D’où le marasme général et la dépression dans les têtes.
Pourtant un signal inattendu et roboratif prouve que l'Europe est capable de rebondir. Il vient d'une Allemagne, qui semblait tout entière crispée sur son égoïsme : haro sur les Grecs, au diable les encombrantes démocraties venues de l'Est, la fourmi n'est pas prêteuse : fi des cigales des «Clubs Med» (Portugal, Espagne, Italie), divorce discret avec Paris et fiançailles euphoriques avec la Russie de Poutine. Une fois la réunification acquise et consolidée, les socialistes (Schroeder) comme les démocrates chrétiens (Merkel) oublient le passé à grande allure, un encéphalogramme plat semble dominer écrits et débats. Soudain une voix perce : «Nous sommes, en Allemagne, à la croisée des chemins, les gens ne sont pas seulement intéressés par le football et la consommation, ils veulent aussi croire à nouveau dans le peuple et les institutions républicaines.»
Qui parle ? Joac