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Libération

Albert II au Congo, en colonie de vacance belge

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Ne pouvant s’exprimer à cause de la crise institutionnelle dans son pays, le souverain a célébré, muet, le cinquantenaire de l’indépendance de la RDC.
publié le 1er juillet 2010 à 0h00

Le Congo a célébré hier ses cinquante ans d’indépendance, en présence du roi belge Albert II, 76 ans, muet pour la circonstance. Ce n’est pas que le bilan de l’ancien Congo belge, catastrophique, soit devenu un tabou pour son ex-puissance coloniale. En fait, le royaume de Belgique étant dépourvu de gouvernement depuis le 22 avril, le roi n’a pu faire valider son discours par l’exécutif, comme c’est la règle. Il s’est donc tu, lors de la réception donnée par l’ambassade de Belgique à Kinshasa, mardi après-midi, puis lors du dîner de gala qui lui a été offert mardi soir, et hier encore, au passage de la grande parade militaire - 400 chars et 15 000 soldats et policiers congolais - qui a défilé sur le boulevard Triomphal, à Kinshasa.

Ce sont les vétérans de la Seconde Guerre mondiale et les femmes douanières, en raison de leur petite danse, qui ont été les plus applaudis, durant un défilé qui a laissé la foule assez froide. L'armée régulière, il est vrai, est accusée d'exactions à l'encontre de la population civile, dans les zones du pays où la guerre reste larvée. Joseph Kabila, 39 ans, le chef de l'Etat congolais, a d'ailleurs appelé dans son discours à «une révolution morale» et à «punir sans complaisance l'atteinte à la vie et à la dignité humaine, le viol, le tribalisme, le régionalisme, le favoritisme, l'irresponsabilité, le vol et le détournement de deniers publics», dressant ainsi l'inventaire des fléaux nationaux. Potentiellement l'un des pays