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Libération
Critique

Viva la muerte sur le front russe

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La division Azul dans un roman noir d’Ignacio del Valle
publié le 1er juillet 2010 à 0h00

La Parrala, c'est le surnom d'une grande chanteuse de flamenco des années 1900. C'est également celui donné par les volontaires espagnols aux Chtourmovik, ces monoplans soviétiques qui apparaissent par surprise pour mitrailler et bombarder tout ce qui bouge et dont le «feulement rauque» fait penser à la célèbre voix. Leningrad est à portée de canons. Et cette partie de l'immense front russe a été confiée à la division Azul, une légion de damnés réunissant militaires franquistes et phalangistes, qui se bat aux côtés de l'armée allemande et compta jusqu'à 46 000 hommes. La guerre est salement là, l'hiver, le terrible hiver de 1943, aussi. Et il y a pire encore : à la marge de ces croisés du Caudillo opèrent les Einsatzgruppen, des bandes de SS allemands chargés de l'extermination des prisonniers de guerre, des Juifs, des handicapés et même des civils russes et dont la sauvagerie sans limite horrifie les soldats espagnols pourtant trempés par la longue guerre civile qu'ils sont venus poursuivre en Union soviétique en combattant aux côtés de l'Allemagne nazie. Sur ce front, l'enfer a pris tous les visages : celui du froid, de la faim, de la misère, de l'atroce bataille qui se prépare, des massacres et de la cruauté. Si on veut l'oublier un temps, il n'y a guère que le réconfort des prostituées russes qui sont autant d'espionnes au service de l'armée Rouge. Si on veut le fuir, il n'y a que la violeta, variante de la roulette russe où, après chaque tournante, on