On croyait la gauche polonaise moribonde. Et voilà qu’elle détient les clés de la présidentielle de dimanche. Une situation inédite qui a laissé sans voix son candidat, le jeune Grzegorz Napieralski, 36 ans. Quelques jours avant le second tour opposant deux candidats de droite, un conservateur et un libéral, il n’avait toujours pas donné de consignes aux 13,7% d’électeurs qui lui avaient fait confiance au premier tour. Des électeurs qui ont justement voté pour lui parce que les discours du très catholique Jaroslaw Kaczynski et du tout aussi catholique Bronislaw Komorowski, aristocrate libéral et père de cinq enfants, renchérissant tous deux dans leur «polonité», leur ont paru relever du blanc bonnet et bonnet blanc. Napieralski paraissait différent, lui qui demandait des choses aussi incongrues que l’arrêt de l’enseignement de la religion dans les écoles ou le retrait des soldats d’Afghanistan…
Magouilles. L'Alliance de la gauche démocratique (SLD), le parti de Napieralski, avait connu son heure de gloire dans les années 90. Il avait été le premier parti ex-communiste d'Europe centrale et orientale à donner un président à un pays qui venait de se défaire du communisme : Aleksander Kwasniewski a même exercé deux mandats, ne cédant le pouvoir à la droite qu'en 2005. C'est lui qui avait arrimé la Pologne à l'UE et à l'Otan. Mais son aura personnelle de libéral réformateur et moderniste n'avait pas suffi à relancer son parti, discrédité par de nombreux scandales.