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Libération
Reportage

A Urumqi, des Ouïghours réduits au silence

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Un an après les violentes émeutes entre la minorité musulmane et les Hans, Pékin a placé la capitale du Xinjiang sous étroite surveillance.
A Urumqi, le 4 juillet 2010 (REUTERS/Stringer)
publié le 5 juillet 2010 à 0h00

Un an tout juste après le déchaînement de violences interethniques dont la capitale de la région autonome du Xinjiang a été le théâtre, un calme étrange règne dans la ville. Le grand bazar, au cœur du quartier ouïghour d'Urumqi, est cerné par des caméras de surveillance - 40 000 selon les autorités - fixées par grappes de sept ou huit sur de hauts pylônes. Elles flashent de manière incessante voitures et passants. Dans les passages souterrains, une constellation de caméras infrarouges remplissent le même rôle. Assis sur des tabourets, des auxiliaires de la police espionnent la foule du soir qui déambule entre une mosquée et un supermarché Carrefour. A intervalles rapprochés, des escouades de miliciens (en général six ou sept à la fois) défilent en treillis, un imposant gourdin de bois à la main. Des patrouilles en moto, armés de courtes mitraillettes, campent près de casemates, où des policiers vêtus de noir exhibent un arsenal encore plus dissuasif. A l'entrée du bazar, à l'ombre de blindés anti-émeute, des préposés contrôlent les sacs.«Le dispositif sécuritaire est très allégé car il y a quelques mois, des camions entiers de soldats les épaulaient», remarque Tusan, un jeune Ouïghour qui préfère ne pas donner son nom entier. Au moins 197 personnes, dont 134 Hans (des Chinois de souche) et 10 Ouïghours ont été tués dans les émeutes, et 1 600 autres blessées, selon Pékin. Un bilan contesté par le Congrès mondial ouïghour (WOC) qui a affirmé que 400, puis 800