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Quinze ans après la guerre, la Bosnie attend toujours le retour des déplacés

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Des réfugiés bosniaques attendent une délégation des Nations-Unies pour visiter un centre collectif à Srebrenica, en août 2009. (REUTERS/Damir Sagolj)
publié le 6 juillet 2010 à 11h42
(mis à jour le 6 juillet 2010 à 11h45)

Signés en 1995, les accords de paix de Dayton engagent les deux entités politiques de Bosnie-Herzégovine - la République serbe et la Fédération croato-musulmane – à faciliter le retour des 2.2 millions de personnes déplacées à cause de la guerre. Quinze ans plus tard, un nouveau projet censé favoriser le retour de dizaines de milliers d'entre-elles vient d'être adopté, mais son application est compromise par l'impasse institutionnelle et politique.

Zerina Music est en France depuis dix-huit ans, Française depuis dix ans, mais se dit «toujours perdue». «Il y a des jours où j'ai envie de repartir, mais c'est difficile de tout plaquer après tout ce temps et avec un enfant né ici», pense tout haut la Bosnienne. Jogging noir et baskets blanches, les yeux invisibles derrière de grandes lunettes noires façon "mouche", on s'imagine mal la trentenaire aux airs de touriste italienne à son arrivée à Paris en 1992, en provenance de Sarajevo assiégée.

Comme elle, 2.2 millions de personnes ont fui entre 1992 et 1995 une Bosnie saignée par les conflits entre Croates catholiques, Bosniaques musulmans et Serbes orthodoxes. En 2010, 110.000 personnes sont encore déplacées à l'intérieur du pays, et 500.000 réfugiées à l'étranger. Plutôt privilégiée parmi ces déracinés, Zerina, désormais ex-réfugiée, se rend chaque été dans sa maison de vacances bosnienne, même si la crainte d'un nouveau conflit la retient de s'y réinstaller définitivement.

«Quand j'y vais j'ai l'imp