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Libération

Chroniques d’un dépeçage de la Bosnie

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Les notes de Mladic relatent l’entente des Serbes et des Croates pour se partager le pays.
publié le 9 juillet 2010 à 0h00

Les archives personnelles du général, inculpé de génocide et de crimes de guerre depuis 1995, ont été saisies par la police serbe au domicile de son épouse à Belgrade. Une première partie a été confisquée en décembre 2008, la seconde en février 2010. Elles ont été confiées en mai 2010 au Tribunal pénal international de La Haye pour la Yougoslavie (TPIY) par la Serbie, désormais candidate à l'adhésion à l'Union européenne et désireuse d'afficher sa volonté de coopérer avec la justice. Les 18 carnets manuscrits font toujours l'objet d'une expertise. Certains ont déjà été versés à charge contre des inculpés jugés actuellement à La Haye, parmi lesquels Radovan Karadzic, le leader des nationalistes serbes de Bosnie, arrêté il y a deux ans à Belgrade, où il se cachait depuis des années sous le personnage bonhomme du Dr Dabic, spécialiste des médecines alternatives.

Ecrites en style télégraphique, la plupart des notes de Mladic ont trait à des rencontres ou à des réunions. Elles consignent les propos de ses interlocuteurs, beaucoup plus rarement les siens. Les plus intéressantes sont celles qui montrent combien la Serbie et la Croatie s'étaient entre-entendues pour dépecer la Bosnie. Dès 1991, Franjo Tudjman, le père de la Croatie indépendante, et Slobodan Milosevic avaient convenu de se partager la Bosnie. Les carnets de Ratko Mladic montrent jusqu'où est allée cette collaboration entre frères ennemis : échange d'armes et d'essence, passage de troupes. Leur connivence mi