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Libération
Reportage

Génération construction

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Six Sénégalais de Saint-Louis racontent la colonisation dans la plus ancienne ville française en Afrique et leur vie après l’indépendance.
par Sandrine Pacitto-Mathou
publié le 10 juillet 2010 à 0h00

D’abord comptoir européen à l’embouchure du fleuve Sénégal, point de départ de nombreuses expéditions commerciales et coloniales vers l’Europe et l’Amérique, Saint-Louis, qui a fêté, en décembre 2009, ses 350 ans, est la plus vieille ville française africaine. Elle faisait partie des quatre communes originelles, avec Gorée, Dakar et Rufisque. Leurs habitants étaient français et ils étaient représentés à l’Assemblée nationale.

Première capitale politique du pays, Saint-Louis est alors un grand carrefour économique pour le commerce des tissus, de l’huile de palme, du sucre, de la gomme, de l’ébène et des hommes ; les esclaves servaient également de monnaie d’échange. Jusque dans les années 60, la ville comptait beaucoup de commerces, une vie administrative qui fonctionnait encore puisque le transfert de la capitale à Dakar était récent. Tous les comptoirs, maisons de commerce de l’époque coloniale étaient encore ouverts, beaucoup d’étrangers et de Français y vivaient. A partir de 1970, les comptoirs ont fermé et Saint-Louis a perdu un peu de son éclat.

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«Ma naissance a eu lieu au moment de la conquête de l'Europe par Hitler. Toutes les forces vives du pays ont été appelées pour défendre la liberté, l'égalité et la fraternité, et mon père fut enrôlé dans l'armée, nous laissant ma petite sœur et moi. Il est allé au front pour défendre la patrie. Cette patrie, qui aujourd'hui m'impose des questionnements, est deve