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Libération
Reportage

Mugabe frappe toujours ferme sur les Blancs

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Face aux incessantes confiscations d’exploitations, l’Allemagne a menacé le Zimbabwe de rétorsion économique.
Des fermiers blancs lors d'une réunion à Harare, le 5 février dernier. (REUTERS)
publié le 19 juillet 2010 à 0h00

Ils ne sont plus que 300 fermiers blancs au Zimbabwe. Une espèce en voie de disparition. «Chaque jour, j'ai peur que ce soit le dernier que je passe sur mes terres», raconte Peter (1), 36 ans, dernier fermier blanc de sa bourgade située au sud de la capitale, Harare. Ses douze voisins ont été expulsés. Jadis, il était le plus grand producteur de tabac du pays. Aujourd'hui, il tire mollement sur sa cigarette. En un an, il a perdu 20 kilos et la moitié de ses terres. Il a été traîné 54 fois au tribunal et s'est ruiné en frais de justice. Mais il ne baisse pas les bras. Quelque chose commence à bouger.

Des dizaines de sympathisants du président Robert Mugabe ont quitté, début juillet, trois fermes détenues par Heinrich von Pezold, un Allemand. Et ce à la suite de menaces claires de suspension d’un crédit de 20 millions de dollars (15,5 millions d’euros), faites par Berlin. C’est la première fois qu’une pression diplomatique réussit au Zimbabwe, depuis la «réforme agraire» lancée en 2000. Cette politique menée par Robert Mugabe, au pouvoir depuis 1981, a consisté à confisquer leurs fermes à 4 500 Blancs, descendants de colons britanniques et autres Européens, sans aucune forme de compensation. A la clé, la ruine de l’agriculture, sur laquelle reposait l’économie du pays.

En février 2009, un homme est arrivé chez Peter. Avec six camarades armés, se présentant comme d'anciens soldats, ils se sont installés dans l'une des deux fermes de sa propriété. C'était celle de son pèr