Menu
Libération
REPORTAGE

«On se croirait au Vietnam»

Article réservé aux abonnés
En Afghanistan, dans la province de Kandahar, les soldats de la compagnie Bravo doivent affronter les pièges des talibans et l’hostilité des habitants.
Photo de soldats américains au nord de Kandahar, en Afghanistan, le 20 juillet. (REUTERS)
publié le 21 juillet 2010 à 0h00

Il est 18 heures, les soldats de la compagnie Bravo sont épuisés. La boue macule les treillis, la poussière colle aux visages. Depuis midi, la quinzaine d’hommes a traversé des vergers, escaladé des murs, franchi des canaux d’irrigation.

Elle cherche des IED (Improvised explosive devices), selon le jargon de l'Otan, des bombes artisanales. En ce début de soirée, elle s'approche de Pir-e-Paymal, un village de la vallée d'Arghandab. Par un trou dans le mur qui enserre un verger de grenadiers, le sergent Richard Mercer aperçoit deux hommes. L'un n'est qu'une silhouette en shawar-kamiz bleu ciel, l'habit traditionnel afghan, qui s'enfuit à travers les herbes hautes. L'autre est un vieil homme, amputé des deux jambes, installé au pied d'un arbre. Le sous-officier américain est furieux. «Dis-lui que la prochaine fois que je vois quelqu'un dans son champ, il n'a pas intérêt à se sauver. Sinon, je les arrête tous !» crie-t-il à son traducteur.

Le vieil Afghan répond d'une voix énervée. «Si vous voulez, je peux mettre mes jambes et aller chez moi, il y est peut-être.»«Non, on continue, râle le sergent. Mais ce vieux est mauvais. Il y a toujours des guetteurs dans son champ, et ceux qui déclenchent les bombes sont juste derrière.» La section repart. Un coup de feu claque. Sans un mot, les soldats américains courent tête baissée se positionner autour du verger. C'est Naïm, un soldat afghan de 28 ans intégré à la patrouille américaine, qui a ti