Depuis que sa fille de 5 ans a été kidnappée à Xian (province du Shaanxi, au centre de la Chine), à la sortie du jardin d’enfants le 18 octobre 2005, Cheng Zhu n’a qu’une idée en tête : la retrouver. Peintre en bâtiment, Cheng s’est endetté jusqu’au cou pour s’acheter un minibus. Du capot au pare-chocs arrière, le véhicule est placardé de photos de la petite Ying et de dizaines d’autres enfants enlevés.
Dès qu'il a économisé assez d'argent, Cheng parcourt le pays pour tenter de la retrouver. «La dernière fois, j'ai fait 20 000 km en un mois. Peut-être que quelqu'un la reconnaîtra… Il s'agit aussi d'inciter les parents que nous rencontrons à la prudence car, en Chine, le kidnapping d'enfants est devenu un véritable phénomène social», déplore Cheng Zhu. Il a fait imprimer une immense banderole de 200 mètres de long avec les photos de 2 700 enfants kidnappés au cours des quatre ou cinq dernières années. «Quand je la déploie, ça attire beaucoup de curieux. Ils disent tous : "Comment est-ce possible qu'il y en ait autant ?" Je les étonne encore davantage quand je leur dis que ces 2 700 disparus ne représentent qu'une infime partie du total, et que seul six d'entre eux ont été retrouvés jusqu'à aujourd'hui.»
Ses périples l'ont amené à faire la connaissance de centaines de parents dans la même situation. Certains habitent à deux pas. Zhang Ping, jeune mère de famille, raconte comment son fils de 3 ans, Yang Wentao, a été kidnappé au seuil de leur domicile en 2008. <