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Libération
Reportage

En Chine, le chemin de croix des parents d’enfants kidnappés

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Conséquence du contrôle des naissances, rapts et commerce d’enfants sont monnaie courante. La police, quand elle n’est pas impliquée, est souvent démunie. Rencontre avec des victimes.
Des parents protestent contre les kidnapping d'enfants qui se multiplient en Chine, en avril 2009. (Reuters)
publié le 22 juillet 2010 à 0h00

Depuis que sa fille de 5 ans a été kidnappée à Xian (province du Shaanxi, au centre de la Chine), à la sortie du jardin d’enfants le 18 octobre 2005, Cheng Zhu n’a qu’une idée en tête : la retrouver. Peintre en bâtiment, Cheng s’est endetté jusqu’au cou pour s’acheter un minibus. Du capot au pare-chocs arrière, le véhicule est placardé de photos de la petite Ying et de dizaines d’autres enfants enlevés.

Dès qu'il a économisé assez d'argent, Cheng parcourt le pays pour tenter de la retrouver. «La dernière fois, j'ai fait 20 000 km en un mois. Peut-être que quelqu'un la reconnaîtra… Il s'agit aussi d'inciter les parents que nous rencontrons à la prudence car, en Chine, le kidnapping d'enfants est devenu un véritable phénomène social», déplore Cheng Zhu. Il a fait imprimer une immense banderole de 200 mètres de long avec les photos de 2 700 enfants kidnappés au cours des quatre ou cinq dernières années. «Quand je la déploie, ça attire beaucoup de curieux. Ils disent tous : "Comment est-ce possible qu'il y en ait autant ?" Je les étonne encore davantage quand je leur dis que ces 2 700 disparus ne représentent qu'une infime partie du total, et que seul six d'entre eux ont été retrouvés jusqu'à aujourd'hui.»

Ses périples l'ont amené à faire la connaissance de centaines de parents dans la même situation. Certains habitent à deux pas. Zhang Ping, jeune mère de famille, raconte comment son fils de 3 ans, Yang Wentao, a été kidnappé au seuil de leur domicile en 2008. <