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Libération
Interview

«En un an, nos enfants n’ont toujours pas vu leur avocat»

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Questions à Nora Shourd Mère d’une jeune américaine emprisonnée à Téhéran
publié le 22 juillet 2010 à 0h00

Depuis le 31 juillet 2009, trois citoyens américains, Sarah Shourd, Shane Bauer et Josh Fattal, sont détenus dans la prison d’Evine, à Téhéran. Ils sont accusés d’avoir franchi illégalement la frontière qui sépare l’Irak et l’Iran. Nora Shourd, la mère de Sarah Shourd, était de passage à Paris la semaine dernière.

Que savez-vous des conditions de détention de votre fille ?

Sarah est à l’isolement depuis un an, alors que Shane et Josh sont dans la même cellule. Elle demande en vain à avoir une codétenue. Dans sa cellule, elle a un lit dur, une fenêtre trop haute pour qu’elle puisse voir à travers et quelques livres. On lui laisse la lumière allumée 24 heures sur 24. Elle doit sonner pour qu’on l’amène aux toilettes en lui couvrant les yeux. Une demi-heure par jour, Sarah, Shane et Josh ont le droit de se voir dans une cour. Ma fille essaye d’organiser ses journées avec un temps pour lire, faire de l’exercice, chanter, danser… Mais après 5 ou 6 heures, il n’y a plus rien à faire. Elle essaie de lutter contre la folie. Elle a beaucoup changé. D’ordinaire, c’est quelqu’un de très sociable. Je l’ai vu extrêmement anxieuse, apeurée. Son visage était déprimé.

Vous avez pu voir votre fille à Téhéran ?

En un an, on a eu droit à un coup de fil de cinq minutes et une visite en mai. Ça s'est passé dans un hôtel, que les Iraniens surnomment le «Spy Hotel». On était comme prisonniers au 14e étage, avec les mères de Josh et Shane. Nous avons pu les voir deux fois : six heures le premier jour et quatre heures le second, mais jamais seuls. On leur a dit qu'on se battait pour leur li