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portrait

L’Aquila son amour

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Claudio Persio. Cet alpiniste italien chevronné sillonne avec désespoir sa ville ravagée par un séisme en avril 2009.
publié le 22 juillet 2010 à 0h00

Sur la ville pèse toujours ce silence de mort. Plus personne ne vit à L'Aquila depuis cette secousse meurtrière d'avril 2009 qui fit 308 victimes. Claudio Persio, casque d'alpiniste sur la tête, ouvre une des nombreuses grilles qui délimitent la zone rouge, remonte dans son 4 x 4 et slalome entre les tas de gravats. Depuis quatorze mois, cet alpiniste chevronné, auteur de guides de ski sur le Gran Sasso mais aussi sur les Rocheuses, employé au patrimoine de l'université de L'Aquila depuis 1993, sillonne sa ville la rage au cœur. Comme dans un cauchemar, il déambule dans une cité morte qui ne revivra sans doute jamais. C'est pratiquement la seule voiture particulière encore autorisée à circuler. «Regardez tous ces bâtiments conservés debout à coups de bastaings, de chaînes, de tubulaires et de millions d'euros. Dedans, c'est vide. C'est la mort.»

Claudio, 57 ans, est né dans ce chef-lieu des Abruzzes détruit en quelques secondes le 6 avril 2009. De sa ville, il connaît le moindre recoin, la moindre pierre. Membre du secours alpin, il a passé des journées entières à fouiller les décombres, creusant des tunnels pour chercher d'éventuels survivants. «Je n'ai ressorti qu'une seule personne vivante, les 100 autres étaient toutes mortes.» Piazza Santa Maria di Paganica, - encore une église (la ville en compte 99) dont le toit a été entièrement soufflé -, il commence son périple dans les ruelles désertes de la zone rouge. Deux énormes grues y ont pris racine, à 3 00