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Libération
Reportage

Argentine : la longue identification d’un «desaparecido» français

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Yves Domergue avait été enlevé par la junte en septembre 1976. Son ADN a enfin parlé.
par Mathilde Guillaume, Correspondante à Buenos Aires
publié le 28 juillet 2010 à 0h00

Trente-quatre ans après son enlèvement, les restes d'Yves Domergue ont formellement été identifiés hier et vont être rendus à sa famille. Il faisait partie des 30 000 personnes disparues en Argentine entre 1976 et 1983, durant la dictature militaire, tout comme sa compagne mexicaine, Cristina Cialceta, retrouvée à ses côtés. Parmi ces desaparecidosfigurent 18 Français, dont cet étudiant-ingénieur. «On n'avait aucune piste, raconte son frère cadet, Eric Domergue, qui réside toujours à Buenos Aires. On n'était sûrs ni du lieu de l'enlèvement ni de sa date exacte, et on ne pensait plus le retrouver.» Lorsqu'il a disparu, en septembre 1976, Yves Domergue, alors âgé de 22 ans, poursuivait ses études tout en militant au sein du Parti révolutionnaire des travailleurs (PRT), qui s'opposait à la junte. «A l'époque, tout le monde respirait politique», se souvient son frère, qui vivait déjà également à Buenos Aires, mais n'avait que peu de contacts avec Yves depuis son entrée en clandestinité : «Je ne savais jamais où il était, c'était toujours lui qui me contactait. Il m'a dit qu'il partait pour un court séjour à Rosario, et je ne l'ai plus jamais revu.»

Anonyme. Eric déclare en novembre 1976 la disparition de son frère à une ambassade de France bien peu coopérative. Jean Domergue, leur père, dépose

des recours d'habeas corpus dans plusieurs villes du pays et tente sans succès d'obtenir quelques informations sur le sort de so