Menu
Libération
TRIBUNE

Le crash de Smolensk a réveillé les démons russo-polonais

Article réservé aux abonnés
par Georges Mink, directeur de recherches à l'Institut des sciences sociales (ISP-CNRS)
publié le 28 juillet 2010 à 0h00

Ainsi, il a fallu la catastrophe du 10 avril pour que la population polonaise apprenne qu’il se passe quelque chose de radicalement nouveau dans les rapports entre la Russie et la Pologne. Que les politiques se sont efforcés depuis quelques années déjà de modifier les rapports entre les deux pays. C’est dire combien le rapprochement va à l’encontre de la culture historique routinière des nations russe et polonaise.

Or, la catastrophe a empêché que soient maîtrisés les effets d’annonce. Si l’énormité de l’accident faisait croire à un inimaginable scénario de film d’horreur, le comportement des populations et de leurs leaders avait également quelque chose d’un film de fiction. L’émotion de Poutine prenant dans ses bras le Premier ministre polonais, Donald Tusk, le «relooking» du nationaliste russophobe et frère jumeau du Président défunt, Jaroslaw Kaczynski (pour le temps de la campagne électorale), les foules de citoyens russes venant se recueillir devant l’ambassade de Pologne à Moscou, l’appel à fleurir les tombes des soldats de l’Armée rouge sur le territoire polonais - alors que ceux-ci sont davantage considérés comme porteurs du totalitarisme rouge plutôt que les libérateurs du totalitarisme brun : la somme de ces gestes suggère un authentique potentiel affectif pour une nouvelle relation entre les deux peuples et leurs dirigeants.

Un récent sondage réalisé en Pologne sur le taux de confiance en l’établissement de relations normales avec la Russie a fait grimper la part de