L’exhibition publique des prostituées, une pratique aussi vieille que la Chine populaire, est toujours très en vogue. Au début du mois à Dongguan, près de Hongkong, la police a fait défiler dans les rues une dizaine de jeunes femmes soupçonnées de racolage. Menottées et pieds nus, elles étaient attachées les unes aux autres à la taille par une corde. Sur les photos publiées par la presse locale, les malheureuses tentent de se cacher le visage avec leurs cheveux, sous les regards d’une foule de curieux. Début juillet, c’est à Wuhan qu’un commissariat a affiché sur les murs les procès-verbaux d’une descente dans un bordel clandestin, sur lesquels figuraient les noms et adresses des clients et de leurs courtisanes. Internet fait également office de pilori. En octobre à Zhengzhou, la police a mis en ligne les clichés de prostituées photographiées nues peu après leur interpellation.
Mais l'attitude du public à l'égard de ces admonestations peu glorieuses a changé. Le zèle de la police à exhiber ses tableaux de chasse a provoqué chez beaucoup de Chinois un sentiment de dégoût quidéborde largement sur les forums Internet. «Ces pauvres femmes ne font ce travail que pour se nourrir.» La hargne populaire s'est vite retournée contre la police et le gouvernement. «Pourquoi les officiels corrompus, eux, ne sont pas traînés dans les rues ?» lit-on dans un commentaire sur le forum Sohu.
De nombreuses affaires de corruption ont éclaté dernièrement, notamment dans la police.