Dans son magasin d'électroménager, au centre de la ville de Gaza, Nader a placé de grandes pancartes orange aux prix barrés sur nombre de ses réfrigérateurs. Coins cabossés, flancs zébrés de rayures, ce sont ceux qui ont été traînés dans les tunnels creusés entre Gaza et l'Egypte. Désormais, des Hitachi ou des Samsung flambant neufs, importés par le point de passage israélien de Kerem Shalom, leur font une concurrence imbattable. «Les marchandises qui viennent de la frontière sont vendues avec des garanties, les clients préfèrent ça. Et elles nous coûtent moins cher que celles arrivant par l'Egypte», explique Nader.
Au marché, l'allégement du blocus imposé à la bande de Gaza depuis 2007 se fait aussi sentir dans la variété des produits proposés. A côté d'une vitrine où s'étalent des chaussures de femmes décorées de strass et paillettes aux talons vertigineux provenant toutes d'Egypte, Mohsen Abou a exposé des sandales confortables en cuir solide fabriquées à Hébron, en Cisjordanie. «Ça faisait quatre ans qu'on n'avait pas vu ces sandales à Gaza. Elles sont connues pour leur qualité et mes clients en raffolent», dit-il. De même le marchand d'épices Yiad Boulboul a-t-il remplacé tous les condiments importés à travers les tunnels par ceux transitant désormais par Israël, et baissé ses prix au passage. D'autres marchands, plus prudents, préfèrent diversifier leurs fournisseurs, un peu par les tunnels, un peu par Kerem Shalom «au cas où les Israéliens fermera