Menu
Libération

«Je ne sais pas ce que je respire»

Article réservé aux abonnés
Sous 40 degrés, Moscou était assailli vendredi par la fumée des incendies qui ravagent la Russie et s’approchent des zones radioactives depuis l’accident de Tchernobyl.
publié le 7 août 2010 à 0h00

Vendredi matin, les Moscovites se sont réveillés la gorge sèche et les yeux enflammés. La fumée des tourbières qui brûlent autour de la capitale depuis le début de l’été a envahi les rues et les cours, les passages souterrains et le métro, elle s’est infiltrée sous toutes les portes et par toutes les fenêtres. Moscou s’étouffe.

Vendredi est aussi la journée des records absolus de température (qui ont déjà été battus plusieurs fois depuis le début de la canicule). 40 degrés au thermomètre. Un peu moins au ressenti, car le soleil est à peine visible à travers le brouillard âcre qui enveloppe la ville. Les tourbières empoisonnantes sont un héritage des politiques économiques soviétiques : la tourbe étant utilisée massivement comme combustible dans l’industrie et les maisons, les marais de la région de Moscou étaient asséchés pour en accroître l’exploitation. Aujourd’hui, la plupart des usines et des sites d’extraction sont tombés en désuétude, tandis que la terre tourbée brûle tous les ans. Face à l’ampleur des feux (deux fois plus qu’à l’été 2009, selon le ministère des Situations d’urgence), le gouverneur de Moscou, Boris Gromov, a renouvelé son projet d’un programme d’irrigation, d’un montant de 500 millions d’euros pour le gouvernement.

Concentration. Cette fumée inquiète d'autant plus qu'aucune donnée officielle sur sa composition et sa provenance n'est donnée à la population. Le ministère de la Santé se limite à conseiller aux gens de ne pas sortir de chez