Il a fallu des dizaines de morts, des centaines de villages réduits en cendres, des milliers de kilomètres carrés de forêts carbonisés, des millions d'hectares de champs de blé desséchés, une base aérienne anéantie et une centrale nucléaire en danger pour que le pouvoir russe commence, du bout des lèvres, à admettre que «la situation est sous contrôle, même si une évolution négative n'est pas à exclure» (déclaration du président Dmitri Medvedev).
En dialecte kremlinois, cet euphémisme signifie : on est dans la merde. La canicule rôtit la Russie depuis un mois. Mais tant que les gens avaient juste chaud, que les incendies de forêts semblaient loin, que la fumée des tourbières en feu ressemblait à celle de l’été 2002, les autorités régionales et fédérales avaient adopté la posture très russe du «avec un peu de chance, ça va passer».
Inédits. Aujourd'hui, alors que plus de 50 personnes ont péri dans les flammes et que le feu gagne 7 000 hectares toutes les vingt-quatre heures, tandis que les Moscovites se déplacent à tâtons dans un nuage toxique, force est de constater que rien n'a été fait, et depuis longtemps, pour prévenir la catastrophe. Les forêts russes brûlent tous les ans. Sauf que, d'habitude, les températures ne culminent pas à 45 degrés en Russie occidentale et le taux d'humidité ne rampe pas à 25-30%. Malgré ces indices aussi inédits qu'alarmants, les gouverneurs, réunis pour une vidéoconférence par Vladimir Poutine le 27 juillet, se sont emp