Un scrutin joué d’avance. La réélection, aujourd’hui, du président rwandais Paul Kagame ne fait aucun doute au terme d’une campagne à sens unique face à trois candidats mineurs. L’homme fort de Kigali, qui a dirigé le pays en sous-main de 1994 à 2003 avant de se faire élire pour un premier septennat, a fait le vide autour de lui. Kagame peut se prévaloir d’un bilan économique impressionnant seize ans après le génocide, qui a tué 800 000 Tutsis et laissé le Rwanda exsangue.
«Dragon». Pour la première fois dans l'histoire du pays, l'autosuffisance alimentaire a été atteinte. Le Rwanda exporte même des denrées agricoles vers ses voisins. Dans un pays trop petit, où le manque de terres agricoles a été l'une des causes des tensions entre Hutus et Tutsis, ce n'est pas un exploit négligeable. Le produit intérieur brut a doublé depuis 2005. La croissance attendue en 2010 est de 6%. Le Rwanda, du moins sa capitale Kigali, est en passe de devenir un petit «dragon» africain. Paul Kagame ambitionne d'en faire un «hub» régional au cœur de la région. A la grande satisfaction des bailleurs de fonds internationaux, qui financent près de la moitié du budget, le Rwanda est considéré comme le pays le moins corrompu d'Afrique centrale. Kagame entend aussi poursuivre son effort en faveur de la promotion des femmes, qui forment déjà la moitié du gouvernement.
Ce bilan de premier de la classe n'a pourtant pas réussi à faire oublier de sérieuses zones d'ombre. Depuis le début de l'an