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Libération
Récit

Incendiée, la Russie suffoque

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La mortalité a doublé dans Moscou cerné par les flammes. Des épidémies sont à craindre.
publié le 10 août 2010 à 0h00

Sur les devantures des pharmacies, une note d'excuse : «Nous ne vendons plus de masques.» Rupture de stock dans la capitale, bien que certains apothicaires aient multiplié les prix par deux. De toute façon, les petits carrés de coton ne protègent presque pas contre des taux de monoxyde de carbone qui restent largement supérieurs au seuil d'alerte.

Cinq jours que Moscou est assiégée par la fumée âcre des tourbières qui brûlent dans la région. On ne voit pas à vingt mètres. Les rues et les ponts se jettent dans un vide opaque, d’où surgissent des silhouettes masquées et les phares myopes des voitures, qui roulent à plein feu dès le matin. Même la rumeur de la ville semble assourdie. Pourtant, la plupart des Moscovites vaquent, ce lundi, à leurs occupations. De l’irritation, de la colère, mais pas de panique.

Les habitants et les touristes de la capitale qui ne se sont pas envolés ce week-end - les aéroports ont enregistré 105 000 départs, un record pour la saison - prennent leur mal en patience, assommés par la rareté de l’air et la chaleur, infernale. Les autorités ne sont toujours pas décidées à se prononcer clairement sur le nombre de victimes de la canicule et de ses effets toxiques. Silence inquiétant, si l’on se rappelle les 15 000 morts causées par celle qui a ravagé la France en 2003. En Russie, même à Moscou où les conditions sont souvent meilleures que sur le reste du territoire, l’état de santé de la population reste bien inférieur à celui de l’Europe occiden