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Libération

Ces blogueurs ukrainiens qui ont fait plier pouvoir et services secrets

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publié le 11 août 2010 à 0h00

«Tuer Ianoukovitch.» L'appel tourne sur les blogs, les sites et les réseaux sociaux. Un complot contre le chef de l'Etat ukrainien ? Non, une opération loufoque lancée par la blogosphère contre les atteintes à la liberté d'expression. L'affaire commence la semaine dernière avec l'arrestation d'Oleg Chinkarenko. Ce blogueur assez insignifiant officie sur LifeJournal, une plateforme populaire où il traite d'art et de poésie, et se pique parfois de politique. Mal lui en a pris. Les services de sécurité ukrainiens (SBU) l'ont convoqué et interrogé la semaine dernière, l'accusant d'avoir «menacé le Président» sur son blog. En cause, cette phrase, «tuer le reptile», qui figure sous une vidéo de Viktor Ianoukovitch parlant à son Premier ministre.

Le jeune homme, comparant son blog à sa «cuisine», autrement dit un espace privé, s'est expliqué ainsi à la BBC ukrainienne : «Je ne pensais pas ce que j'écrivais, que Dieu donne la santé et une longue vie à notre président ! Seul un de mes textes sur ce blog a été fait dans l'émotion et dans un état de fureur, ce qui peut arriver à n'importe qui.» Comme sanction, outre la suppression des pages incriminées, le blogueur a dû écrire une lettre où il s'engage à ne plus critiquer le pouvoir sur Internet, ce qui a provoqué une levée de boucliers sur la Toile ukrainienne. Celle-ci a répondu par une vaste action médiatique intitulée «Moi aussi je veux être interrogé par le SBU», et a saturé les sites de