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Analyse

La yougosphère , une famille recomposée

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publié le 13 août 2010 à 0h00

«La Yougoslavie est morte, vive la yougosphère» : la formule appartient au journaliste anglais Tim Judah, spécialiste des Balkans qui l'a écrite l'an dernier dans The Economist, ouvrant un débat dans toute la région. «Le matin, nous buvons du lait slovène, l'été, nous allons à la mer en Croatie et, le soir, nous regardons le derby de basket-ball Cibona Zagreb-Partizan Belgrade. Que nous le voulions ou non, nous vivons comme on vivait en Yougoslavie. La seule différence est que nous ne pouvons pas nous rendre au Patriarcat de Pec [situé au Kosovo, ndlr]. Mais de toute façon, les Serbes ne s'intéressaient pas aux monastères du temps de Tito.» C'est ainsi que le quotidien belgradois Press décrit l'ordinaire du citoyen serbe de la nouvelle décennie. Dans les années d'après-guerre, les médias ont longuement glosé sur la yougonostalgie, une sorte de regret de jeunesse, faite de goûts disparus, de parfums évaporés et de musiques oubliées qui auraient été le ciment de plusieurs générations. Aujourd'hui on parle d'intérêt, et d'intérêts économiques d'abord.

Le 30 juillet, la Croatie, la Slovénie et la Serbie ont ainsi décidé de former une compagnie ferroviaire conjointe pour relier l’Europe à la Turquie en deux fois moins de temps qu’aujourd’hui. La signature a eu lieu à Belgrade. Le siège de la compagnie sera à Ljubljana, la capitale de la Slovénie, la seule de ces trois ex-républiques yougoslaves à avoir déjà intégré l’Union euro