Maria, une jeune trentenaire «sans futur ni complexe», tient un petit salon de beauté en toute illégalité dans son appartement de la Vieille Havane. Au rez-de-chaussée d'un immeuble qui paraît prêt à s'écrouler, portes et fenêtres sont laissées grand ouvertes au vent dans l'espoir d'un peu de fraîcheur et d'une cliente.
Ciseaux, séchoirs, faux ongles, colles et limes, tous les instruments lui ont été offerts par son oncle qui a fui, il y a quinze ans, les pénuries dans le bastion nord-américain de l'exil cubain, Miami. «Les clientes doivent contribuer et apporter serviette, shampoing, teinture ou vernis à ongles, selon ce qu'elles veulent», explique cette mulâtre aux bras cerclés de bracelets de pacotille. Les petits entrepreneurs privés sont toujours plus nombreux dans l'île. Légaux ou illégaux.
«petit cadeau». Même si elle craint un contrôle policier, Maria refuse de régulariser son petit commerce privé comme elle y aurait droit. «Il faut payer une licence de 400 pesos par mois [environ 14 euros] et un impôt de 15% sur les revenus. Je trouve que c'est trop et je me méfie du gouvernement : je ne veux pas qu'il mette son nez dans mes affaires», dit-elle en assurant gagner en moyenne 1 500 pesos par mois, parfois 2 000. Ce qui est beaucoup plus que le salaire mensuel moyen à Cuba, de l'ordre de 400 pesos, concède Maria qui demande 20 pesos pour une coupe femme et 15 pesos pour les hommes. Des tarifs beaucoup plus éle