Mohammad Mostafaei était, jusqu’il y a quelques jours, l’avocat de Sakineh Mohammadi Ashtiani. C’était, par-delà son métier, l’une des voix libres de l’Iran et l’une de ses consciences. Harcelé par les mollahs, plusieurs fois emprisonné, soumis à un insoutenable chantage moral chaque fois que l’on s’en prenait à sa femme et à sa fille, il a fini par quitter son pays. C’est de la chambre d’hôtel, à Oslo, où il a trouvé refuge depuis hier, dimanche, qu’il a répondu à mes questions. Soit, directement, en anglais. Soit avec l’aide de Mahmood Amiry-Mohgad, fondateur et animateur de l’ONG, basée en Norvège, Iran Human Rights. Voix claire. Esprit lucide. Capacité de résistance manifestement inentamée. L’homme ne fléchit pas. Il continue le combat. Mais il a, pour cela, plus que jamais besoin de nous. Pour l’heure, écoutons-le. C’est la première fois qu’il s’exprime, depuis son départ d’Iran.
Comment s’est passé votre départ?
J’ai passé la frontière entre l’Iran et la Turquie. Cinq heures de marche. Puis à cheval.
Et ensuite, en Turquie ?
Je suis arrivé dans la ville de Van. Des organisations humanitaires comme Amnesty International ont pris mon cas en mains. Nous avons écrit au gouvernement turc. Ils m’ont fait prendre un avion pour Istanbul. Et, là, j’ai passé six jours. Trois au poste de police de l’aéroport. Trois dans un centre de rétention pour étrangers en situation irrégulière. Et c’est grâce à l’intervention de gens de l’ONU, de l’Union europée