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Libération
Interview

«Entre Berlusconi et Poutine»

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György Konrád, ancien dissident communiste :
publié le 17 août 2010 à 0h00

L’écrivain György Konrád, ancien dissident, a été l’un des premiers signataires d’une pétition contre la politique de «règlement de compte» du Fidesz, au pouvoir depuis avril.

Pourquoi cette pétition ?

Je crois que nous nous apprêtons à vivre une nouvelle époque de procès politiques. Ces enquêtes lancées par la droite sur la corruption financière vont systématiquement chercher des accusés à gauche de l'échiquier politique. Bien sûr, c'est la gauche [socialistes et libéraux, ndlr] qui était au pouvoir ces huit dernières années. Mais la corruption touche tous les partis. Si la police et le parquet témoignaient du même élan pour chercher des suspects du côté du parti au pouvoir, ils trouveraient forcément quelque chose. Je sais que ma pétition n'aura aucun impact. Le gouvernement est soutenu par la majorité de la population. Voir, à la télévision, des gens menottés procure toujours une certaine joie. Ce cirque de la revanche sur la gauche occupe les esprits. Car le gouvernement ne peut pas distribuer de cadeaux. Il veut maintenir le déficit budgétaire dans les limites fixées dans l'Union européenne. A terme, la déception est inévitable.

Comment définiriez-vous la droite au pouvoir ?

C'est une droite conservatrice, radicale, paternaliste, entre Berlusconi et Poutine. Le parti de Viktor Orbán me rappelle les années Kádár [János Kádár, secrétaire du PC hongrois, dirigea le pays jusqu'en 1988, ndlr]. Car, après le vaste coup de balai effectué dans l'appareil d'Etat, Orbán a nommé des personnes selon le seul critère de fidélité au parti.