Le Pakistan est frappé par des inondations catastrophiques qui affectent plus de dix millions de personnes. Dans ce pays fort sensible pour les relations internationales, par ses conflits de voisinage avec la Chine et l’Inde depuis son indépendance, par le double jeu qu’on lui prête volontiers dans le conflit afghan, le drame que connaît la population affectée fait l’objet d’une ample couverture médiatique.
De façon récurrente, on constate que la presse française aborde ce sujet depuis quelques jours en mettant l’accent, outre la description de la situation, sur le risque spécifique de voir le désarroi de la population exploitée par des ONG pakistanaises. Certaines pourraient en effet utiliser la catastrophe pour se livrer à une forme de prosélytisme religieux, qui ferait le jeu des mouvements radicaux pro-talibans.
Devant des événements d’une telle ampleur, sans faire preuve de naïveté, il s’agit quand même d’une approche éditoriale qui n’est pas anodine ! Lors du récent séisme en Haïti, a-t-on de la même façon mis d’emblée l’accent sur les arrière-pensées prosélytes des ONG, internationales ou haïtiennes, ayant une teinte confessionnelle ? A-t-on prêté aux organisations catholiques des stratégies de conversion à la «théologie de la libération» pour aider certains acteurs à la conquête du pouvoir ? A-t-on évoqué la possibilité que les églises évangélistes nord-américaines puissent profiter des circonstances pour renforcer leur présence, pour prôner l’attentisme politique, ou