Cheveux longs, look grunge, casque vissé sur les oreilles, le garçon de 24 ans se fond dans l'ambiance branchée de ce café de la banlieue de Rangoun. Cofondateur de Generation Wave, l'un des rares groupes clandestins encore actifs en Birmanie, il préfère se présenter sous son nom de code : COT. «Nous sommes traqués par les autorités depuis la création de notre mouvement en octobre 2007», explique-t-il, en jetant des coups d'œil inquiets autour de lui. Le groupe est né dans le giron de la Révolution safran, initiée par les moines bouddhistes et réprimée dans le sang. «On ne voulait pas en rester là, rentrer chez nous sans avoir rien obtenu», lance COT.
Le militant décide alors, avec trois autres copains du lycée, de lancer des opérations clandestines pour combattre le régime à leur manière. Leur cible ? Les lycéens et les étudiants. Leurs armes ? Des tags sur les murs de Rangoun, des autocollants à l'image de l'opposante Aung San Suu Kyi, des CD de hip-hop aux paroles militantes distribués sous le manteau dans les écoles et des milliers de SMS demandant la libération d'Aung San Suu Kyi envoyés au hasard. Un jeu dangereux en Birmanie, où la junte muselle toute voix critique. «J'ai quitté ma famille et mes amis depuis un an. Recherché par la police, je vis avec des faux papiers et je ne reste jamais longtemps au même endroit», reconnaît le militant. Sur une quarantaine de jeunes de 15 à 35 ans - l'âge maximum pour pouvoir int