«Le Brésil est le pays de l'avenir et il le restera». A force d'être répétée, cette citation apocryphe attribuée au général de Gaulle avait fini par convaincre non seulement le reste du monde mais les Brésiliens eux-mêmes. Puis, insidieusement, ces quinze dernières années, l'avenir est devenu présent. Le pays vit une formidable métamorphose, abandonnant son traditionnel nombrilisme pour se projeter comme un «acteur global» capable de jouer dans la cour des grands. Quoi qu'il arrive, il est peu probable qu'il revienne à son soliloque et la «communauté internationale» devra s'accommoder de ce nouveau venu dans les principales instances de décision stratégiques.
Bien sûr, le Brésil, membre fondateur de la Société des Nations et de l’ONU et ardent défenseur du multilatéralisme, a toujours joué un rôle non négligeable dans les grandes institutions internationales. Mais il s’agissait avant tout de garder ses distances, de participer pour prévenir règles et normes contraignantes pour soi. Aujourd’hui, son action commune avec la Turquie pour contribuer à la négociation de l’intraitable dossier nucléaire iranien est certes hasardeuse et un brin naïve, mais elle est le symbole d’une politique étrangère qui entend se salir les mains avec les problèmes du monde.
Cette manière de défier le monopole des grands sur les questions stratégiques de la guerre et de la paix n’est que le dernier épisode d’une série d’initiatives plus ou moins heureuses : le rôle central du Brésil dans la c