De nombreux commentaires ayant accompagné l’annonce récente de la mort de Michel Germaneau, l’otage français détenu par Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi), ont véhiculé une représentation du Sahara contestable : celle d’un espace hors d’atteinte des Etats centraux, politiquement vide et par conséquent idéal pour y abriter les activités des terroristes. Envisager le désert sous cet angle n’aide pas à comprendre les dynamiques politiques sahariennes, et encore moins à définir les réponses efficaces au terrorisme.
Le Sahara présente des caractéristiques physiques qui rendent difficile son contrôle, mais les activités humaines et les formes de gouvernance qui y sont associées sont nombreuses. Elles sont le fait de «fraudeurs» transportant sur de longues distances toutes sortes de chargements plus ou moins licites (y compris des migrants clandestins), d’éleveurs et d’agriculteurs dont les ancêtres ont occupé ces régions depuis des siècles, de représentants locaux d’ONG ou non (à l’instar de Michel Germaneau) ou - avant que la situation sécuritaire ne se dégrade - d’opérateurs de tourisme. Au Mali, au Niger et dans le sud algérien, ceux qui mènent ces activités sont bien souvent touaregs.
L'implantation d'Aqmi dans le Sahara, loin d'être la conséquence mécanique de l'éloignement géographique des centres de pouvoir que sont Bamako, Niamey ou Alger, soulève la question des relations qu'entretiennent les terroristes avec les populations locales touarègues. Sont-elles neutres, antagon