Erigée en hommage au président Lech Kaczynski, mort le 10 avril dans un accident d’avion, une croix symbolise aujourd’hui la division de la Pologne. Les ultracatholiques militent pour son maintien devant le palais présidentiel. Son retrait est au contraire réclamé par les laïques, les anticléricaux, mais aussi des catholiques modérés, ou de simples partisans des libéraux, vainqueurs de la présidentielle de juillet.
Grenade. Les affrontements verbaux se musclent. Mercredi, un anticroix de 71 ans a menacé ses défenseurs avec une grenade. La veille, un homme du même âge, du camp adverse, avait lancé des excréments sur une petite plaque commémorative. Celle que le nouveau président, le libéral Komorowski, a fait installer à la va-vite en hommage aux 96 victimes du crash et non au seul couple présidentiel. «C'est honteux de la part de Komorowski d'avoir placé une si petite plaque sur une aile du palais», dit une retraitée venue de sa campagne pour prier devant la croix. Les journalistes sont mal vus par les défenseurs du calvaire. Certains ont été agressés. «Un vrai Polonais se doit de dresser un grand monument», ajoute-t-elle. «Priez chez vous, Dieu entendra aussi bien», rétorque un adversaire.
Ni le président ni le gouvernement (aux mains des libéraux) ne contestent l'idée d'honorer la mémoire des victimes de l'accident, mais pas dans la cour du palais, un ensemble architectural classé orné d'une statue équestre du prince Ponia