Le procès de Douch, ancien directeur du camp de la mort S-21, vient de s'achever sous les critiques, notamment rapportées dans Libération le 17 août. En tant qu'avocat des parties civiles, à l'heure où les procureurs viennent de faire appel de la peine de trente-cinq années de prison prononcée à l'encontre de l'ancien tortionnaire, j'ai le devoir de défendre le procès et le verdict.
En premier lieu, si l’organisation du procès sous l’égide du Premier ministre ancien khmer rouge Hun Sen inquiétait, rien ne semble avoir été manipulé. L’instruction du dossier, menée par le juge français Marcel Lemonde, a été exemplaire, de même que l’audience. Elle a été conduite en toute indépendance par les cinq magistrats qui formaient le tribunal. La preuve : la juge néo-zélandaise et le juge français Jean-Marc Lavergne n’ont pas démissionné. Tout s’est déroulé sous l’œil d’une presse cambodgienne extrêmement présente, critique et donc libre.
Deuxièmement, l’intérêt de la population a certes semblé marginal au début. Moins de 100 victimes ou familles de victimes se sont constituées partie civile tandis qu’on reproche à Douch d’avoir éliminé jusqu’à 17 000 personnes ! Pourtant, au fil des soixante-dix audiences, 30 000 Cambodgiens se sont se déplacés jusqu’au tribunal. Et le bureau des victimes décompte près de 4 000 constitutions de parties civiles pour le deuxième procès (celui de Nuon Chea, Ieng Sary, Ieng Thirith et Khieu Samphan). Ainsi, un seuil de conscience non négligeable es