Engagé de longue date dans le combat antitotalitaire, le philosophe André Glucksmann était l’un des intellectuels français ouvertement favorables à une intervention pour abattre le régime de Saddam Hussein.
La guerre est-elle gagnée ?
La réponse est double. Localement, c’est une incontestable victoire pour les Irakiens, la démocratie, les Américains et la coalition. Mais à un niveau géopolitique plus global, c’est un échec. Le fait que les Etats-Unis se soient empêtrés dans le bourbier irakien et l’opposition d’une bonne partie des opinions occidentales comme des gouvernements a été le révélateur de la faiblesse des Américains. Cela a incité le régime iranien à poursuivre son programme nucléaire, défiant ouvertement Washington et les Européens. On voit aussi les conséquences de cet affaiblissement en Asie centrale et dans le Caucase, une zone stratégique majeure pour les hydrocarbures où la Russie revient en force, comme on l’a vu en août 2008 lors de son attaque contre la Géorgie. L’engagement en Irak a également empêché Washington de mettre suffisamment d’hommes et de moyens en Afghanistan. En outre, rien ne dit que la stratégie mise en œuvre avec succès à Bagdad pourrait marcher à Kaboul. Il y a aussi une perte d’image des Etats-Unis encore aggravée par l’intervention irakienne, et en particulier avec la diffusion des photos de sévices à Abou Ghraib. Mais contrairement à ce que clamaient certains, l’Irak n’a pas été un second Vietnam, ni militairement ni politiquement. Les manifestations contre la gu