Dimanche 15 août, sous le ciel de plomb qui couvrait le Pakistan, j’ai contemplé une mer de souffrance. Les eaux ont emporté des milliers de villes et de villages. Des routes, des ponts et des maisons ont été détruits dans toutes les provinces du pays.
Du ciel, j’ai vu des milliers d’hectares de terres agricoles de première qualité - le panier à provisions de l’économie pakistanaise - engloutis. Au sol, j’ai rencontré des hommes et des femmes terrifiés, vivant tous les jours dans la crainte de ne pas pouvoir nourrir leurs enfants ou les protéger contre le prochain déferlement de la crise, qui sera la propagation de la diarrhée, de l’hépatite, du paludisme et de la maladie la plus mortelle de toutes, le choléra.
Par sa seule dimension, cette catastrophe dépasse l’entendement. On estime que, sur l’ensemble du pays, une quinzaine ou une vingtaine de millions de personnes sont touchées. C’est plus que n’en ont touché, à eux quatre, le tsunami de l’océan Indien et le tremblement de terre au Cachemire, en 2005, le cyclone Nargis en Birmanie en 2007, et le tremblement de terre de cette année en Haïti. Au moins 160 000 kilomètres carrés, c’est-à-dire à peu près la superficie de la Tunisie, sont inondés.
Pourquoi le monde a-t-il tardé à se rendre compte de l’échelle du désastre ? Peut-être parce que cette catastrophe n’est pas assez télégénique, pas assez fulgurante, parce qu’elle n’offre pas la quantité voulue de scènes de sauvetage dramatiques. Un tremblement de terre peut faire des d