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Libération
Interview

«La société est gangrenée par la drogue»

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Alain Musset, chercheur à l’EHESS, revient sur l’explosion de la violence liée aux guerres de cartels :
par Marion Lompageu
publié le 23 août 2010 à 0h00

Alain Musset, chercheur à l'Ecole des hautes études en sciences sociales sur les sociétés urbaines en Amérique latine, a publié, entre autres, Géopolitiques des Amériques (Nathan, 2009).

Est-ce l’état de guerre au Mexique?

Ce n’est pas une guerre déclarée, mais quand on voit des soldats mexicains en tenue, avec casque et gilet pare-balles, le doute n’existe plus. Cette guerre se déroule principalement dans le nord et l’ouest du pays, des points stratégiques pour le trafic de drogue. Elle oppose l’Etat, au travers de ces forces armées, aux cartels et aux paramilitaires qui travaillent avec eux.

Pourquoi y a-t-il une escalade de la violence dans le pays ?

Quand le Parti révolutionnaire institutionnel était au pouvoir, jusqu'en 2000, il y avait une sorte de pacte tacite entre le gouvernement et les narcotrafiquants. Tant que tout se déroulait bien au Mexique, qu'il n'y avait pas de violence, l'Etat fermait les yeux sur ce qui se passait dans le Nord. Mais depuis le retour du Parti d'action nationale à la tête du pays, en 2000 [avec l'élection de Vicente Fox, ndlr], cet accord a été rompu. Felipe Calderón, le chef de l'Etat actuel [élu en 2006], a fait de la lutte contre les cartels son cheval de bataille. Comme la corruption ronge le pays et que les policiers sont les premiers à se faire graisser la patte, c'est l'armée qui a été envoyée pour «nettoyer» la région.

Quel est le rôle du trafic de drogue dans la viole