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Enquête

Mexique : l’héro nationale inonde les Etats-Unis

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Les narcotrafiquants ont dopé la culture locale du pavot, faisant du pays le troisième producteur mondial, et supplantent les cartels colombiens.
publié le 23 août 2010 à 0h00

Dans les années 90, obnubilées par la fumigation des plantations de coca, les autorités colombiennes n’avaient pas vu pousser les milliers d’hectares de champs de pavot qui allaient convertir le pays en troisième producteur mondial d’héroïne. Loin derrière l’Afghanistan et la Birmanie, mais suffisamment près, géographiquement parlant, des Etats-Unis, pour en devenir le principal fournisseur d’opiacés. Depuis le début des années 2000, la production d’héroïne a décliné en Colombie au même rythme qu’elle a resurgi au Mexique, coïncidant avec la passation de pouvoir des cartels colombiens de Cali et Medellín aux cartels mexicains de Sinaloa et Juárez. Aujourd’hui, à des milliers de kilomètres au nord des forêts andines, c’est dans le «triangle d’or» mexicain, qui chevauche les Etats de Sinaloa, Durango et Chihuahua, que le pavot refleurit de plus belle, à la lisière des plantations de cannabis.

Alors qu’elle se hissait à peine à 4 tonnes en 2000, la production d’héroïne mexicaine a bondi de 18 à 38 tonnes entre 2007 et 2008. Les cultures de pavot se sont étendues de 6 900 à 15 000 hectares. Ce sont les récentes estimations du Rapport d’évaluation nationale de la menace liée à la drogue 2010, élaboré par le département américain de la Justice en compilant les informations de la DEA (l’agence américaine de lutte contre les stupéfiants) et les services de police et de renseignements américains.

Mélanges. Les autorités mexicaines reconnaissent quant à elles qu'il exis