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Libération
Interview

«Les enlèvements de migrants ne sont pas le fait des grands cartels»

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Martín Gabriel Barrón, spécialiste mexicain du crime organisé :
publié le 27 août 2010 à 0h00

Martín Gabriel Barrón est criminologue à l’Institut national des sciences pénales de Mexico et spécialiste du crime organisé.

Les cartels de narcotrafiquants ont-ils décidé de diversifier leurs sources de financement en s’attaquant aux migrants ?

Les grands cartels se concentrent sur les trafics les plus juteux, comme celui de la drogue. Mais ils sous-traitent certaines opérations, en particulier les exécutions, donc leur sale boulot, à des groupes d’intermédiaires, comme les Zetas ou la Linea, qui à leur tour s’appuient sur des gangs de délinquants. A ces groupes d’intermédiaires et ces gangs locaux, les cartels cèdent des parcelles de territoire sur lesquelles ils sont libres de développer leurs activités criminelles. Dans l’Etat de Tamaulipas, les Zetas chapeautent par exemple la délinquance ordinaire, le marché des objets volés et des produits pirates, la prostitution et l’industrie du kidnapping. Ce dernier volet inclut les enlèvements de migrants centro-américains qui traversent le Mexique.

Pratiquement, comment s’y prennent-ils pour kidnapper de grands groupes de migrants ?

Les bandes criminelles se sont rendu compte que le trafic de migrants était lucratif. Les «polleros» comme on les appelle au Mexique, c'est-à-dire les passeurs qui aident les migrants à franchir la frontière, travaillent pour le compte de ces gangs. Ils leur livrent de grands groupes de migrants. La plupart du temps, les sans-papiers se font capturer en voyageant sur le toit des trains de marchandises qui traversent le Mexique. Un groupe de 70 migrants, comme celui qui a été massacré mardi, c'est un wagon entier du train. Les ravisseurs tirent un maximum de bénéfice de leurs victimes : en plus