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Libération
Reportage

Au Japon, la misère a droit de cité

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Les habitants des barres de Kawaramachi sont déçus par un an de gouvernement de centre gauche.
publié le 31 août 2010 à 0h00

Coincée entre Tokyo et Yokohama, en bordure de la rivière Tama, Kawaramachi Danchi, immense cité-dortoir de la ville de Kawasaki, ne voterait sans doute plus démocrate aujourd’hui. Il y a tout juste un an, après la victoire écrasante et historique du Minshuto (ou PDJ, Parti démocrate du Japon) aux législatives, nombreux, parmi les 20 000 résidents de cette cité HLM de l’arrondissement Saiwai, à une heure du centre de Tokyo, croyaient au changement. Les démocrates promettaient un nouveau Japon, le lycée gratuit, des autoroutes sans péage, des emplois, de meilleures pensions pour les retraités, et le bonheur pour tous…

Dans la cité, beaucoup espéraient que le quotidien s'améliorerait. Un an après, le constat est amer. «Rien n'a changé, rien, constate Miho Shioiri, une femme au foyer de 28 ans, qui a grandi ici. Je ne crois plus les hommes politiques. Ils font des promesses pour gagner nos votes. Une fois au pouvoir, ils les oublient.» Ses parents habitent dans les étages du Sangoto (bâtiment 3), une des 14 barres d'habitations de Kawaramachi, abritant chacune 300 logements sociaux gérés par la municipalité, des 2DK (2 pièces avec cuisine) de 50 m2, ou des 3DK plus spacieux, au loyer très bas (de 155 à 165 euros par mois).

Ironie de l'histoire, quand ce bâtiment 3, comme d'autres dans la cité (conçus par l'architecte Sachio Otani), fut élevé en 1974, à une époque où les danchi en béton (équivalents des HLM français, apparus pour la première f