Sur la route qui descend de Jérusalem à Jéricho, en direction de la mer Morte, il y a une station-service. Longée par les automobiles vrombissantes, étouffant dans la chaleur et la poussière du désert, son image s’efface à peine le plein d’essence achevé. Et pourtant, pour les Israéliens et les Palestiniens qui veulent continuer à garder le contact, elle est devenue un lieu phare de rencontre, une petite bulle hors de l’espace compliqué de la Cisjordanie.
Alors qu’à Washington, officiels israéliens et palestiniens reprennent des négociations directes pour la première fois depuis plus d’un an et demi, sur le terrain, certains membres de la société civile des deux côtés n’ont jamais cessé de se voir et de monter des projets communs. Mais pour se rencontrer, ils sont confrontés au casse-tête de la géopolitique locale. Depuis que la Cisjordanie a été divisée en plusieurs zones par les accords d’Oslo, interdites aux uns ou aux autres et surtout, depuis la construction du mur de séparation, trouver un lieu accessible à tous tient de la gageure.
Nappes. D'abord, sans permis spécial, les Palestiniens ne peuvent pas se rendre en Israël, le mur et les points de contrôle de l'armée dissuadant les tentatives de passage. Ensuite, en Cisjordanie, les zones entièrement sous contrôle de l'Autorité palestinienne (zone A), comme Ramallah, Jéricho ou Naplouse, sont interdites aux Israéliens. Les Palestiniens sont proscrits des colonies (zones C), alors que les Israéliens ne peuv