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TRIBUNE

A qui appartient la mémoire à Ground Zero ?

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par Pauline Peretz, Maître de conférences en histoire à l’université de Nantes
publié le 3 septembre 2010 à 0h00

La polémique née du projet de construction d’un centre communautaire musulman à quelques pâtés de maison de Ground Zero s’est transformée, en cet été de pré-élection, en référendum national opposant conservateurs et «libéraux». Dans le contexte local, cette controverse n’est qu’un épisode d’un des nombreux arbitrages pour l’appropriation de l’espace dont les New-Yorkais sont familiers - à cette grosse différence près qu’il s’agit d’un lieu hautement symbolique.

Ce conflit ne porte pas sur la délimitation d'une frontière entre groupes ethniques : 51 Park Street - l'adresse du centre si le projet aboutit - se trouve dans un quartier où, à la différence du Chinatown voisin, les minorités travaillent mais ne résident pas. Plus circonscrit, l'arbitrage concerne l'usage des espaces et la préservation du patrimoine. Dans les deux cas, les institutions démocratiques new-yorkaises ont tranché en faveur du libre jeu du marché et de la tolérance. Fin mai, le community board de Lower Manhattan a rendu possible la transformation d'un ancien lieu de commerce en lieu de culte, le projet s'apparentant aux yeux des résidents qui y siègent au grand centre communautaire juif, avec piscine et programme culturel, de l'Upper East Side. Début août, la Landmarks Preservation Commission a rejeté le classement comme monument historique du bâtiment à l'emplacement duquel pourra être construit ce centre déjà nommé Cordoba House.

Tout au long de cette procédure, le maire, Michael Bloomberg, viscé