Cela fait des jours - depuis le 15 août précisément, date de lancement de notre pétition - que nous cherchions à entrer en contact avec Sajjad, le fils de Sakineh Mohammadi Ashtiani. Lui seul pouvait nous donner des nouvelles précises de sa mère. Lui seul pouvait répondre à la question que l'on se pose en pareille circonstance et qui est celle des effets réels d'une mobilisation comme celle engagée avec Libération, Elle, la Règle du jeu et des journaux étrangers. Nul mieux que lui, enfin, ne pouvait s'exprimer sur la terrible accusation dont tout est parti, celle de complicité dans le meurtre de son propre père.
Où êtes-vous, là, à cet instant ?
A Tabriz, la ville où ma mère est emprisonnée. Je suis dans la rue. Et je vous appelle d’un téléphone portable.
Subissez-vous des pressions ? Des tentatives d’intimidation ?
Oui, bien sûr. J’ai reçu deux appels des services des renseignements. Deux convocations, en fait. Mais j’ai refusé d’y aller. Pour l’instant, je n’ai pas été arrêté.
Qui êtes-vous Sajjad ? Que faites-vous ?
J’ai 22 ans. Je suis l’aîné des enfants de Sakineh. Je travaille de 6 heures du matin à 23 heures comme contrôleur dans les autobus de la ville. Pour le reste… toutes mes pensées, toute ma volonté, sont tendues vers un seul but : sauver ma mère.
Où en est-on aujourd’hui ?
Je suis passé par des moments de désespoir. J’ai écrit aux autorités. Souvent. Mais elles m’ont répondu par un silence total. Depuis quelques jours, avec la mobilisation, je reprends un peu espoir.
Votre maman, depuis sa cellule, est-elle informée de cette vague mondiale de solidarité ?
Oui. On le lui a dit lors des rares visites auxquelles elle avait droit. Elle en a été heureuse et vous a remercié.
De quand date votre dernière visite ?
Juste avant ses soi-