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Portrait

Infiltré, l’art et la manière

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Pour gagner la confiance des trafiquants et récupérer un Monet ou des Picasso volés, mieux vaut être expert en chefs-d’œuvre et fin psychologue. Robert Wittman, ancien agent du FBI, raconte.
publié le 4 septembre 2010 à 0h00

Pour boucler son affaire, Bob avait apporté une mallette de diamants, qu'il avait attachée à son poignet. «Mon contact portait lui aussi une petite valise. Dans laquelle, il transportait un flingue et une hache. Pour me tuer, et me couper la main. Par la suite, je l'avoue, j'ai toujours préféré retrouver mes interlocuteurs à leur arrivée à l'aéroport, où ils avaient peu de chance de passer les contrôles avec une arme.» Pendant vingt ans, Robert Wittman, que tout le monde appelle Bob, a été «agent spécial» du FBI, au sein duquel il s'est spécialisé comme undercover (infiltré) dans les trafics d'art. Aujourd'hui à la retraite, à 54 ans, devant un verre à la terrasse de sa résidence près de Philadelphie, il a bien voulu nous raconter ses souvenirs, publiés dans un livre, Priceless  (1) :«Sans prix, dans tous les sens du terme», dit-il . La Nativité du Caravage disparue d'une église de Palerme est sans prix pour l'humanité; mais aussi, sans valeur. Dans nombre de cas, les receleurs ne savent pas comment se défaire des tableaux. Croyez-en Bob : «Il n'y a pas plus crétin qu'un voleur d'art.»

Grillant des crabes mous sur le barbecue, préoccupé par les biches qui mangent ses fleurs, il semble à mille lieues de l’univers glauque dans lequel il a longtemps frayé. Devenu consultant, il conseille les musées en matière de sécurité ou continue à rechercher des tableaux disparus. Il en a fait une petite affaire de famille. Son épouse l’a